Colloque du 26 novembre 2011

Intervention de F. Dupont

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Synopsis

Il a été longtemps dit et écrit que l’Orestie était le récit du passage de la vengeance à la justice. Cette interprétation doit être revue et pour l’essentiel déconstruite à la lumière de l’anthropologie du droit comme de la philologie.

Quelques points de repère :

– Le mot grec dikè, dans le texte d’Eschyle, signifie aussi bien « vengeance » que « justice ».

– La vengeance en Grèce ancienne a pour but de rétablir l’honneur de la lignée, elle ne peut s’accomplir que contre un homme et tuer sa mère – une femme – ne peut pas être un acte de vengeance.

– La vengeance n’est pas un acte spontané et sauvage mais une forme de régulation sociale de la violence. Il faut distinguer l’acte vindicatoire (réparation sociale) de l’acte vindicatif (psychologique) La vengeance est présente dans notre droit sous la forme de l’action civile, distincte de l’action pénale. C’est ce qu’on appelle « le droit des victimes ».

Ce qui conduit à redéfinir la justice si on veut la distinguer de la vengeance, et à y voir l’intervention de la cité pour des raisons religieuses – souillure du sol de la cité – qui juge le vengeur, après sa purification… et l’innocente.

Sur l’anthropologie de la vengeance, l’ouvrage de référence reste :

Raymond Verdier et Jean-Pierre Poly, La vengeance (4 vol.) Editions Cujas 1981-1984

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Intervention de E. Debray

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Introduction

La critique pascalienne de la théorie hobbsienne du contrat social et de la loi naturelle.

Cette communication s’attache à présenter la critique pascalienne de la théorie du contrat social et de la loi naturelle telle qu’elle fut élaborée par Hobbes. Ce faisant, elle permet de mettre au jour les arguments par lesquels Pascal, dans les Pensées, critique l’idée selon laquelle l’ordre politique pourrait être fondé sur la justice. Cette dernière affirmation générale cependant ne permet pas de comprendre que ce sont les théories contractualistes, et notamment la théorie hobbsienne, qui sont visées dans cette œuvre. Ce n’est pas l’acception aristotélicienne de l’affirmation notamment qui nous intéresse ici.

Pascal s’accorde avec Hobbes pour critiquer l’idée que l’ordre politique serait l’expression d’un ordre naturel normatif en soi. Leurs positions convergent donc sur la critique de la position aristotélicienne bien connue. Or, à cette position du naturalisme politique, telle qu’elle fut élaborée par Aristote, se rattache l’idée selon laquelle la hiérarchie politique, l’inégalité d’institution, aurait un fondement naturel, c’est-à-dire se fonderait sur une inégalité naturelle entre les hommes. Cette inégalité naturelle de pouvoirs et d’aptitudes constituerait le fondement d’un ordre politique hiérarchisé. Il s’agit là d’une des manières de donner sens à l’idée que l’ordre politique serait fondé sur la justice. En effet, Aristote, dans le 5ème livre de l’Ethique à Nicomaque présente deux grands modèles de justice : la justice distributive et la justice des échanges. L’un des aspects généraux de la justice est de réaliser l’égalité. Le premier modèle de la justice est utilisé pour penser le fonctionnement de l’ordre politique. La justice distributive intervient dans la distribution des honneurs, ou des richesses, ou des autres avantages qui se répartissent entre les membres de la communauté politique, et la seconde réalise la « rectitude » dans les transactions privées (qui consiste essentiellement à proposer des corrections aux différents types d’échange, qu’il s’agisse des échanges volontaires ou des échanges involontaires). L’inégalité d’institution est fondée sur ce principe de justice distributive. En effet, la justice distributive ne réalise pas une égalité directe, comme dans le cas de la justice des échanges, mais une égalité géométrique ou proportionnelle : selon cette idée, les charges seront distribuées à proportion du mérite respectif des individus auxquels ces charges seront distribuées. Un gouvernement sera ainsi dit juste dans la mesure où les charges politiques seront distribuées en proportion de la vertu politique (aretè politikè) détenue par les citoyens.

Pascal, à la suite de Hobbes notamment, critique cette position naturaliste et l’idée corrélative que le droit de commandement entretiendrait un lien naturel avec les qualités naturelles des gouvernants (voir notamment les Trois Discours sur la condition des grands). Le problème qui se pose, en l’absence de l’existence d’un lien naturel entre les qualités naturelles des gouvernants et leurs fonctions politiques, c’est-à-dire en l’absence de continuité entre nature et institutions, est de comprendre comment les hommes en viennent à accepter le pouvoir politique auquel ils obéissent, ainsi que le système de lois émis par les gouvernants. La communauté politique, dans cette perspective, ne sera plus pensée comme réalité naturelle, et il faudra rendre compte de la possibilité de son apparition. C’est dans le moment de fondation de cette communauté politique que l’on trouvera une solution à cette question, et c’est dans cette perspective que Hobbes produit la fiction de l’état de nature : imaginons la société telle qu’elle existe sans les institutions politiques, pour penser comment celles-ci peuvent apparaître. Hobbes propose comme solution celle du contrat : en effet, on ne peut saisir comment les hommes en viennent à accepter l’ordre politique, que dans la mesure où l’on montre que cet ordre politique est né d’un contrat passé entre les hommes. Dans cette nouvelle perspective, l’idée selon laquelle l’ordre politique pourrait être fondé sur la justice trouve sa seconde acception. Il nous faudra tout d’abord préciser le sens de cette affirmation chez Hobbes, le déplacement que la théorie contractualiste lui fait subir.

La critique pascalienne de la solution hobbsienne qui fait reposer la possibilité de l’ordre politique sur un accord volontaire passé entre des individus, accord auquel la raison individuelle obligerait ces derniers, s’attaque au rôle que la raison individuelle détiendrait dans l’apparition de l’ordre politique. Néanmoins, Pascal devra alors résoudre tout d’abord le problème de l’acceptation du pouvoir souverain, et des lois qu’il édicte, par les sujets. En outre, Pascal, en critiquant la théorie hobbsienne du contrat social, semble priver les sujets de tout moyen de résister à un pouvoir tyrannique, une fois l’Etat institué, et par là même priver ce dernier de toute stabilité.

Après avoir retracé les étapes importantes de la théorie hobbsienne du contrat social, nous présenterons ensuite la critique pascalienne de cette théorie. Nous exposerons pour conclure les deux problèmes évoqués, et présenterons les solutions que Pascal fournit : il s’agira de rendre compte, en réponse au premier problème, de la manière dont les sujets en viennent à croire en la justice des lois. En réponse au second problème, Pascal élabore une nouvelle conception de la justice, la “justice des ordres”, qui échappe à toute conception légale et normative de la justice.

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Intervention de B. Pire

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Plan

Cette intervention se propose d’examiner les différentes représentations de la justice dans Les Raisins de la Colère :

  1. La mise en accusation d’un ordre social et économique injuste, signe d’un déséquilibre entre l’homme et la nature et source de disharmonie.
  2. La référence en transparence à une autre forme de justice divine, et la mise de œuvre de la Providence.
  3. Le roman comme exemple de ‘Justice poétique’, et la figure de l’auteur comme justicier.

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