Réunion Langues Vivantes, samedi 27 septembre 2025, 09h30 – 12h30, Ecole des Mines, Paris

1. Retour concours

a. Epreuves écrites

Le cas de Centrale-Supelec

Plusieurs participants font état d’un sentiment d’écarts de notes incompréhensibles chez les bons élèves, toutes filières confondues. S’il y a des défaillances de notation, y a-t-il une faiblesse au niveau de l’évaluation ? Les barèmes sont-ils mal faits ? Y a-t-il des défaillances individuelles de correction (cela a toujours existé) ? En tout cas, les attentes des jurys ne sont pas toujours très claires.

Une collègue fait remarquer que les écarts sont flagrants surtout dans les établissements où il y a le plus d’homogénéité dans le recrutement, comme les grands lycées parisiens. Les élèves bilingues peuvent se trouver avec une note médiocre. On peut avoir l’impression que les élèves sont stigmatisés par leur trop bonne maîtrise de la langue !

Une collègue qui a corrigé le concours Centrale explique qu’il n’y a pas d’écart-type à l’écrit. Il faut une moyenne entre correcteurs. Autrefois, les correcteurs étaient libres de modifier leurs moyennes pendant toute la période de correction, mais maintenant les notes sont ramassées tous les 15 jours, ce qui peut amener certains collègues correcteurs à sous-noter les bonnes copies, de peur de finir avec une moyenne trop élevée.

Les écarts de notes apparaissent souvent entre le concours Centrale-Supélec et le Concours Commun Mines-Ponts. De nombreux collègues ont l’impression que ce n’est plus une épreuve de langues vivantes à Centrale mais une épreuve de méthodologie.

Que peut-on faire en tant que préparateurs ?

  • Encourager les candidats qui pensent que leur copie a été corrigée de manière excessivement sévère à se manifester tout de suite. Il peut y avoir des ajouts de points : exemple d’un candidat d’un lycée parisien cette année qui a vu sa note à Centrale passer de 10,8 à 12,6 après réclamation.

Cela dit, les modifications de note sont rares car il y a une augmentation du nombre de réclamations. A Mines-Ponts, il y a eu 2 changements sur 1000 demandes cette année.

  • Encourager les candidats à demander une vérification de report de la note. Il peut y avoir une erreur mais c’est de moins en moins fréquent avec les nouvelles technologies employées par les jurys.
  • Investir les jurys de concours. Les écoles cherchent toujours des correcteurs des CPGE. Hélas, ce travail est souvent peu attractif financièrement, et se fait dans des conditions peu satisfaisantes (délais courts, nombre de copies très important…)

Que peut faire l’UPLS ?

  • Demander que la double correction soit généralisée : elle existe actuellement mais seulement pour un nombre limité de copies sélectionnées au hasard pour vérifier la qualité de la correction.
  • Demander plus d’éclaircissements de la part de Centrale. Le barème de l’épreuve n’est jamais rendu public : les préparateurs ne savent pas le poids accordé à la forme et celui accordé au fond (à l’X-ENS, 60% et 40% respectivement).
  • Si le jury ne souhaite pas publier une proposition de corrigé (risque accru de réclamations), ne pourrait-il pas être plus explicite dans les attentes des correcteurs, en fournissant dans ses rapports, par exemple, plus d’éléments pour aider les candidats et les enseignants (extraits de copies, descriptions plus détaillées…) ?  Il y a des verrous dans le barème qui sont difficiles à dépasser : pourrait-on avoir plus d’informations sur cet élément du barème ?
Evolution des épreuves écrites

Les participants se demandent si l’épreuve de synthèse (Centrale, X-ENS, CCINP) a fait son temps. Or, chaque type d’épreuve pose des problèmes spécifiques. Aux épreuves de rédaction, il y a le risque que les candidats recrachent leurs cours. Les traductions (enlevées de certains concours au cours des dernières années) sont vues comment socialement discriminatoires, et semblent augmenter le risque de triche à cause de l’intelligence artificielle.

La synthèse a pris l’ascendant dans les épreuves de LV, et cet exercice a deux avantages :

  • On ne peut pas (encore !) tricher avec une IA, car les consignes de l’épreuve de synthèse sont trop pointues (une IA ne pourrait pas relier l’implicite d’un document iconographique à un argument dans un texte écrit, par exemple)
  • On a une professionnalisation de l’étudiant, à qui on demande des compétences semblables à celles qu’on pourrait lui demander dans un contexte professionnel plus tard.

L’évaluation par compétences arrive petit à petit aux concours de CPGE : Agro-Véto s’est lancé. Les autres concours suivront-ils ?

Les participants qui ont également des classes de prépa commerciale évoquent la nouvelle épreuve  ELVi. Réformée il y a deux ans, cette épreuve essaie dans sa nouvelle formule de combiner à la fois synthèse ET rédaction. La mise en place ne s’est pas faite sans couacs, et l’épreuve reste critiquable (notamment les critères d’évaluation flous), mais l’esprit de cette nouvelle formule qui unit synthèse, rédaction et traduction paraît intéressante.

La nouvelle épreuve Agro-Véto présente également un volet synthèse et un volet rédaction. Les participants expriment leur satisfaction devant cette épreuve qui a été inaugurée l’année dernière. Les notes des candidats sont plutôt cohérentes, les rapports assez complets avec un souci de pédagogie appréciable : descriptions, exemples, documents d’accompagnement.

L’épreuve X-ENS n’a pas été réformée, mais le jury semble avoir entendu les remarques des collègues préparateurs, et l’épreuve semble évoluer dans le bon sens. La longueur des documents pour la session 2025 a été plus abordable que les années précédentes. Pour rappel, la synthèse à cette épreuve représente 50% de la note, le texte d’opinion 50%.

Pour les candidats de BCPST, une nouvelle épreuve de LV à l’ENS a été annoncée pour la session 2026. Elle s’articulera autour d’un dossier composé de trois documents : un article de presse générale, un article de presse « semi-spécialisée » et une image. En trois heures, les candidats devront écrire une synthèse du dossier (8 points), une expression personnelle (8 points)  et une courte version issue d’un des textes du dossier (4 points). Un descriptif de cette nouvelle épreuve est disponible en suivant le lien : Nouvelle épreuve BCPST ENS

L’UPLS a été consultée et nos échanges avec le concours ont permis de résoudre un certain nombre de problèmes. Par exemple, à l’origine, les nombres de mots exigés étaient très élevés (synthèse et expression personnelle dorénavant fixées à 250 mots +/-10% chacune), deux sujets d’expression personnelles devaient être traités (plus qu’une question aujourd’hui), les candidats devaient donner un titre à l’essai (consigne désormais retirée). Les sujet 0 ainsi que le document d’accompagnement méthodologique ont été mis à disposition des collègues sur le site de l’UPLS

A l’écrit de Mines-Ponts, une collègue demande si les candidats qui ne font pas l’un des trois exercices (thème, question de compréhension, essai) sont pénalisés. Les collègues qui connaissent ce concours affirment que non, mais rappellent que ce genre de stratégie est dangereuse pour le candidat. Globalement ce concours donne satisfaction malgré la difficulté de beaucoup de candidats devant l’exercice de traduction. Le thème peut révéler des problèmes de compréhension en français, tout comme l’exercice de contraction en filière PT. Par ailleurs, une collègue s’interroge sur le fait que, depuis des années, le thème proposé est systématiquement littéraire alors que le descriptif de l’épreuve ne le spécifie pas et qu’il y a quelques années, des extraits journalistiques avaient été proposés. La question sera posée lors de la rencontre avec le jury.

b. Epreuves orales

CCINP

Les collègues des LV autres que l’anglais regrettent le déséquilibre dans les annales des enregistrements oraux entre l’anglais (135 enregistrements), l’allemand (35 enregistrements, d’une qualité parfois médiocre) et l’espagnol (16 enregistrements seulement).

A l’épreuve orale de CCINP, le temps de parole est de 30 minutes en tout. Temps minimum de parole = 8 minutes. Il faut encourager les candidats à faire l’effort d’utiliser le temps qui leur est imparti. Ils doivent problématiser et amener de nouveaux arguments, et essayer d’aller plus loin que ‘causes, conséquences, solutions’ !

Mines-Télécom

Plusieurs témoignages de candidats font état d’une interprétation assez libre de la part de l’examinateur des trois parties de cette épreuve (présentation personnelle et entretien, description et commentaire d’un document iconographique, jeu de rôles). Le non-respect du format de l’épreuve peut être déstabilisant pour les candidats qui s’attendent à trois parties distinctes, telles qu’elles sont décrites dans les rapports de jury.

2. Evolution de nos enseignements

Plusieurs collègues parlent de difficultés dans leur établissement :

– des regroupements compliqués, ou des créations de nouvelles classes (MP2I) à moyens constants,

– le non-respect de la LVB : ex. un cours d’allemand sur lequel on programme une heure de renforcement en anglais, des heures de colles planifiées sur les cours de LVB… Or, les écoles Centrale imposent une LVB en école !

– coupes dans les dotations des régions, ce qui oblige les établissements à prendre sur les crédits d’enseignement pour chauffer l’établissement et fournir une cantine scolaire (exemple d’un lycée à Valenciennes)

– la filière PC/PCE est parfois difficile à remplir par endroits.

Il faut qu’on soit vigilant par rapport à la place des LV aux concours. L’ouverture à l’international étant dans l’air du temps, le risque existe que les épreuves de LV aux concours soient remplacées par des tests de langue internationaux comme le TOEIC ou le TOEFL.

Les colles

Une vigilance particulière s’impose dans la mise en place des colles. L’administration se montre souvent rigide par rapport à l’organisation des colles. La bonne parole de certains inspecteurs (‘Il ne faut pas mettre une note de colle en début d’année pour ne pas décourager les élèves’) se heurte à la réalité : s’il n’y a pas de note, on n’est pas payé !

Il faut essayer de ne pas trop recourir aux groupes de 2 élèves en colles (quand bien même nous aurions notre mot à dire dans l’élaboration du colloscope !). Selon la jurisprudence française, 1 heure de colle entamée = 1 heure payée, mais certains rectorats n’appliquent pas les textes. Dans l’académie de Paris, par exemple, il y a un découpage des colles en 20 minutes en fonction du nombre de candidats qu’on fait passer. Il faut si possible demander que les groupes de 2 soient complétés par un élève fictif / élève fantôme au moment de la déclaration des heures.

La difficulté de la transition Terminale-CPGE est évoquée. Une participante explique qu’elle fait des colles de type Mines-Télécom lors des deux premières séances de colles pour essayer d’aider les élèves à réussir cette transition vers les attentes de la prépa.

Les intelligences artificielles

Les participants regrettent l’absence de formation institutionnelle à cette technologie qui risque de bouleverser notre pratique.

Pour l’instant, le travail à l’aide des IA en langues vivantes se fait au coup par coup, en fonction de l’aisance des uns et des autres devant cet outil, et de l’équipement dont ils disposent.

Plusieurs collègues présents essaient d’intégrer les IA directement dans leurs cours, dans les devoirs qu’ils donnent à la maison, ou dans leur préparation de cours. Comment les IA peuvent-elles nous aider ? Quelques pistes :

  • Etablir des fiches d’exercices de grammaire. On peut préciser dans son prompt le niveau du CECR qu’on vise (B1, B2, C1 etc.),
  • Utiliser Chat-GPT pour trouver des articles sur une thématique précise,
  • Après avoir fait avec les élèves une traduction de type Mines-Ponts, demander à l’IA de produire des exercices de grammaire sur les points de grammaire vus dans la traduction,
  • A l’oral, l’IA peut jouer le rôle d’un partenaire de dialogue,
  • Utiliser l’IA pour élaborer des fiches de vocabulaire,
  • Faire reprendre à un élève son travail  en demandant à l’IA de lui indiquer les points qui pourraient être améliorés (par exemple, en utilisant DeepL Write) et / ou  en demandant à l’IA de lui créer des exercices grammaticaux / lexicaux individualisés à partir de ses erreurs,
  • Demander à l’IA elle-même d’améliorer nos prompts pour gagner en efficacité.

Un collègue insiste sur l’importance de l’honnêteté intellectuelle quand on se sert de l’IA. Il ne l’utilise pas en colle : cela serait mettre le doigt dans l’engrenage (à quoi servent les colleurs humains ?).

Afin d’alimenter cette réflexion, le bureau de l’UPLS envisage d’organiser le 10 janvier une réunion avec un expert en IA de l’ENS Saclay. Cette réunion aura sûrement lieu à distance ; les adhérents en LV seront invités à participer.

3. L’UPLS

Le nouveau site de l’UPLS sera opérationnel d’ici au mois de novembre 2025. Il inclura un module d’adhésion en ligne, via Hello Asso. Les adhérents seront tenus informés par mail.

Le bureau a besoin de nouveaux membres en langue (en particulier, en langues autres que l’anglais). L’appel à toutes les bonnes volontés est donc lancé.

Compte rendu rédigé par Bruno Auer

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